Projet «Pauvreté – Identité – Société»

Projet “Pauvreté-Identité-Société”: Rétrospective du premier atelier du Croisement des Savoirs du

Rétrospective du premier atelier du Croisement des savoirs

de Annelise Oeschger, animatrice d’un groupe de pairs à l’atelier du Croisement des savoirs et membre de l’équipe de pilotage du projet

Les 22 et 23 novembre au Centre national, à la maison de rassemblement à Treyvaux a eu lieu le premier atelier du Croisement des savoirs dans le cadre du projet «Pauvreté – Identité – Société». 19 personnes de Suisse romande et 21 personnes de Suisse alémanique y ont pris part. La particularité du projet est que ces 40 personnes avaient des expériences très différentes et une grande partie d’entre elles ne se connaissaient pas personnellement. Elles devaient élaborer ensemble un savoir qui aide à mieux comprendre le rapport entre les institutions et les personnes vivant dans la pauvreté – un premier pas vers le but de ce projet de trois ans: contribuer à ce que la pauvreté ne se transmette plus de génération en génération, dans aucune commune, dans aucun canton.

Trois groupes sollicités

Comment faire en sorte que les personnes ayant une expérience directe de la pauvreté (1), les scientifiques (2) et les praticiens (3) de services sociaux, de tribunaux, d’associations, des médecins, des enseignantes, etc. aient des idées similaires lorsqu’ils parlent de la pauvreté et des institutions? L’après-midi du premier jour permettait de prendre conscience de ses représentations: décrire la pauvreté avec un seul mot, exprimer la notion d’institution avec une seule photo, telles étaient les deux tâches que les trois groupes de savoir (savoir d’expérience (1) – savoir de la pratique professionnelle (3) – savoir scientifique (2) ), appelés groupes de pairs, ont d’abord réalisées chacun pour soi.

Co-chercheurs et divergences

Puis il y avait un échange entre les trois groupes, le «croisement» des trois types de savoir qui fait que tous les participants sont des co-chercheurs. Dans certaines représentations de la pauvreté, comme «l’exclusion», tout le monde s’est retrouvé. Mais le groupe des personnes ayant une expérience directe de la pauvreté a remarqué qu’il était le seul à parler de «la pauvreté comme d’un effort extrême, un effort physique et mental incroyable pour se remettre sur pied» – un résultat déjà très alarmant quand on pense aux tentatives politiques actuelles dans plusieurs cantons de «booster», par la réduction des aides, la «motivation» des personnes concernées (voir l’article «Et si l’histoire ne se répétait pas ?» ). Sur le thème de «l’institution» il y a eu une multitude de commentaires – ce qui reflète le fait qu’il est très difficile pour tous les acteurs concernés non seulement de s’y retrouver mais aussi d’imaginer comment les institutions devraient être conçues pour remplir leurs mandats respectifs. Et: quel est leur mandat? Qui le définit ou le redéfinira?

Beaucoup de participants ont passé la soirée et la nuit à Treyvaux – pris en charge par de nombreux amis et amies grâce auxquelles la Maison du Quart Monde en Suisse est si accueillante.

Deux angles de vue

La tâche du deuxième jour consistait à analyser deux récits d’expérience; l’un a été rédigé par une personne en situation de pauvreté, l’autre par une praticienne. Les groupes de pairs disposaient de deux fois une heure pour analyser et discuter les logiques selon lesquelles les différents acteurs – les personnes en situation de pauvreté dans une situation concrète, les praticiens impliqués et les institutions dans lesquelles ils travaillaient – s’exprimaient et agissaient ou prescrivaient une action. 

Un approfondissement des représentations nécessaire

L’échange en séance plénière a montré combien il est essentiel que les personnes représentant les trois points de vue discutent et approfondissent ensemble leurs analyses. Le terme «point de vue» caractérise assez bien le résultat de ce premier échange sur le sujet: chacun, chacune est à un point spécifique d’où il voit ET vit les choses tellement différemment. Le déséquilibre des rapports de force, qui va jusqu’à l’impuissance, les manoeuvres, le renfermement ont souvent été mentionnés – et ceci par différents groupes, dans leur contexte – mais aussi la transgression des structures prévues pour chercher et parfois trouver une solution.

Sujet du prochain atelier de Croisement des savoirs

À la fin de la rencontre, tous les participants se sont réunis à nouveau et ont découvert que les groupes travaillant dans l’autre langue avaient parfois mis l’accent sur d’autres axes encore.

L’équipe de suivi, qui comprend les animatrices et quelques autres représentants des 3 groupes de pairs francophones et germanophones ainsi que les membres de l’équipe de pilotage, a maintenant pour tâche de définir les principales problématiques et d’esquisser le sujet du prochain atelier du Croisement des savoirs en novembre 2020.

Pus d’informations:
Le projet «Pauvreté – Identité -Société»