Séjour d’été à Treyvaux

Se ressourcer et partager de beaux moments
L’été, au Centre national d’ATD Quart Monde à Treyvaux, c’est des vacances et de l’accueil, des ateliers, des activités de toutes sortes et des rencontres. Ce mois de juillet, deux groupes de cinq familles, francophones d’abord puis germanophones en provenance de différentes régions de Suisse, y ont chacun séjourné durant une semaine. Florent Bambara, volontaire permanent d’ATD Quart Monde, les a accompagnés au fil des jours et des soirées: il nous donne ici ses impressions.
Se retrouver
Le quotidien des familles qui passent ces quelques jours à Treyvaux, c’est la pauvreté. Et pour bon nombre d’entre elles, c’est en plus d’être séparées, avec des enfants placés dès leur plus jeune âge en institution, souvent en dehors du droit reconnu à vivre régulièrement des temps en famille, essentiels en vue de fortifier des liens.
Ce séjour d’été représente donc d’abord une magnifique opportunité de se retrouver,
de reconstruire des liens, d’être ensemble plus que quelques heures de temps en temps. De vivre l’intimité de la famille. Et cela va plus loin.
Bien sûr, beaucoup d’activités sont proposées. Des balades, des découvertes, des repas, des ateliers. On joue ensemble – surtout les enfants! Tous ces moments sont autant d’occasions de faire connaissance, d’échanger. Alors on discute, on partage. On se raconte et on s’écoute. On apprend du parcours des autres, de leurs faiblesses et de leurs forces. On se rend compte que d’autres vivent des situations semblables, souvent très difficiles. Et qu’on n’est pas seul·e. Ça donne du courage, vraiment!
Se ressourcer
Et puis on se repose. La plupart des parents sont très fatigués. Parce qu’ils doivent tout le temps se battre, qu’ils n’ont presque jamais l’occasion de décompresser. Lorsqu’on leur demande ce qu’ils veulent vivre ici à Treyvaux, la réponse est souvent:
«Si on pouvait souffler un moment…».
Prendre soin de soi, pour pouvoir prendre soin de ses enfants, de son conjoint ou de sa conjointe, c’est indispensable – alors l’équipe et les autres familles s’occupent un moment des enfants. C’est tellement précieux!
Être libre
Ici, les enfants peuvent faire bien des choses qui ne leur sont pas permises là où ils vivent. Crier très fort. Sortir, s’éclater, être libre, courir dans tous les sens. Ne pas se sentir tout le temps observés. Les enfants ont besoin qu’on les laisse des fois. Qu’on les laisse faire des bêtises et qu’on les laisse les gérer, ces bêtises. Il ne faut pas tout le temps relever ce qu’ils ont mal fait. Il faut avoir un suivi, bien sûr, mais pas de trop près. Des bêtises «contrôlées». On est vigilant mais on n’est pas des surveillant·e·s, on n’est pas là pour faire des commentaires négatifs – ils sont déjà trop souvent confrontés à ces commentaires négatifs.
Confiance retrouvée
La notion de confiance est importante pour moi, et je vais terminer par un mot à ce sujet. Le départ, pour certain·e·s, est un moment de déchirement. Ici, c’est l’idéal, en tout cas un certain idéal auquel on a goûté et qu’il faut quitter au bout de quelques jours déjà. Mais les familles ont repris leur souffle, elles ont constaté qu’il est possible de partager de beaux moments, de se rapprocher. Elles y ont trouvé un surplus d’élan, d’espoir aussi. Elles ont gagné en confiance en elles-mêmes.
Florent Bambara, volontaire permanent au Centre national à Treyvaux