Un nouveau livre : « La dignité pour Boussole » d’Eugen Brand

Un nouveau livre : “La dignité pour Boussole” d’Eugen Brand

PRESENTATION ET DEDICACE
Jeudi 15 octobre 2020 de 18h00 à 19h30
Centre spirituel Sainte-Ursule, Fribourg (en lieu et place de la Librairie Albert-le-Grand, lieu initialement prévu)
Flyer

Article paru dans CATH.CH en novembre 2020

Michel Sauquet, écrivain et enseignant à Sciences-Po Paris, nous parle de La dignité pour boussole, un dialogue en écriture avec Eugen Brand. 

Ne connaissant ATD Quart Monde que de loin, depuis une brève rencontre avec le Père Joseph en 1968, j’ai été amené à renouer le contact dans les années 1990. Avec Eugen Brand (volontaire permanent), ma première rencontre date de 2008. Nous nous sommes revus en 2014 dans le cadre d’un séminaire international sur la gouvernance du Mouvement.

C’est là qu’est née l’idée de ce livre d’entretiens centrés sur la gouvernance.

Nous avons décidé de partir du déroulé de la vie d’Eugen pour tirer un à un de nombreux fils caractéristiques du Mouvement. Il s’agit donc d’une sorte de peinture impressionniste d’ATD qui part de son parcours. Est née entre nous une profonde amitié.

Ce qui m’a frappé en écoutant Eugen, c’est de découvrir, ou de redécouvrir, la très grande originalité de la gouvernance du Mouvement.

Elle me paraît radicalement différente de celle du mouvement associatif sur beaucoup de points. Un exemple : la désignation de ses responsables n’est pas opérée par simple vote mais par des processus de discernement progressif, mettant en œuvre un nombre très important de gens. Autre question qui se pose pour beaucoup d’associations : comment survivre à la disparition du ou des fondateurs ? La manière dont le Père Joseph a lancé la barque de sa succession en disant qu’il ne fallait pas essayer de le copier mais inventer de nouvelles formes d’actions a été fondamentale. Eugen et d’autres ont pris cela en main en restant fidèles à son héritage — son nom revient 235 fois dans le livre ! — mais en se réinventant profondément, en avançant de manière pragmatique et en mettant le plus de personnes possibles dans le coup.

Ensuite, même si c’est un mot que le Mouvement n’emploie jamais, l’efficacité du plaidoyer tracé par Eugen tout au long du livre m’y paraît fondamentale. ATD a été pionnier dans un très grand nombre de domaines, à commencer par l’alliance avec le monde universitaire, et par la capacité de passer du « micro » au « macro » : le Père Joseph disait que le « terrain », c’étaient certes les cités d’urgence mais aussi les cabinets ministériels.

De ce point de vue, ce livre donne à connaître quelque chose de très précurseur qui correspond bien à la définition de la gouvernance : l’art de faire en sorte que toutes les composantes humaines de la société aient leur voix au chapitre pour influer sur les politiques publiques.

Si l’on reste dans le domaine de la revendication, de la révolte, on n’aboutit à rien. Si on entre dans un dialogue permanent, on arrive à énormément de choses ! Avancer grâce à une action opiniâtre de plaidoyer et à la participation des plus pauvres est essentiel. Tout le monde a son mot à dire pour coconstruire les politiques publiques, c’est fondamental. Et en même temps ce qui m’a frappé, c’est qu’on n’est jamais dans la lutte des classes. On doit collaborer entre catégories sociales, sinon on n’obtient rien.

Enfin, ce qui me marque chez Eugen, c’est son insistance à raconter ce que vivent les personnes et comment à travers elles on comprend le Mouvement.

Dans le livre, une multitude de visages apparaissent, de nombreux pays, de Suisse aussi. D’ailleurs la Suisse y a une place bien importante, Eugen revenant souvent à ses racines.

Je me suis passionné pour cette série d’entretiens qui a duré au moins trois ans et que retrace ce livre. Je pense que beaucoup de gens qui travaillent dans la militance et le milieu associatif ont à apprendre de cet incroyable mélange d’humilité et de culot, qui fait que le Mouvement a pu réussir tout ce qu’il a réussi. Ce mélange, modestie, volonté et audace, m’a impressionné dans notre travail de dialogue avec Eugen.

Et ceci toujours à partir de l’histoire des personnes. Une gouvernance construite à partir de l’expérience des personnes et non de concepts. 

Propos recueillis par Hélène Cassignol

Eugen Brand, un engagement avec ATD Quart Monde

Quelle est l’histoire de cet homme qui a porté avec d’autres la mission d’ATD Quart Monde pendant quarante ans et à la suite de son fondateur Joseph Wresinski? Né en Suisse, Eugen Brand rencontre le Mouvement à l’âge de 22 ans et devient volontaire permanent. Il vit alors parmi des familles en grande pauvreté et apprend à leurs côtés. Cet engagement le mènera à Créteil (près de Paris), New York, Bâle, au Pérou, en Bolivie…

Eugen Brand

a été délégué général d’ATD Quart Monde après la mort de Joseph Wresinski, responsabilité qu’il a bâtie avec d’autres en cherchant et en apprenant à vivre, penser et agir en Mouvement tout à la fois localement et à l’échelle du monde.

Michel Sauquet

est écrivain et enseignant. Il a passé l’essentiel de sa vie professionnelle dans le domaine de la coopération internationale et interculturelle.

Présentation du livre en visioconférence

Le 9 juin 2020 dernier à 18h30 : Eugen Brand, Michel Sauquet (coauteurs) et Martine LeCorre, (militante Quart Monde, membre de la délégation générale) ont échangé en live sur Zoom et sur Facebook à propos de l’ouvrage. Pour visionner l’échange.

Sortie du livre

La dignité pour boussole est paru ce 11 juin 2020. Editions Quart Monde/Editions de l’Atelier CHF 20.- (+ Port). Commandez. 

Il est également disponible dans les librairies suisses.