Deux courts-métrages: Centrafrique et Haïti

Deux courts-métrages : Centrafrique et Haïti

Le tournage de QUE SOMMES-NOUS DEVENUS devenus a rassemblé 300 heures d’enregistrement réalisées sur plusieurs continents. Présenté fin 2018, le long métrage relate uniquement des rencontres réalisées en Suisse et en France. Actuellement 14 courts-métrages concernant les autres pays sont en cours de montage. Le 11 mai dernier, suite à l’Assemblée générale qui a réuni plus de 80 personnes, le public a pu découvrir en exclusivité deux courts-métrages : celui de la République Centrafrique (RCA) et celui de Haïti.

Durant les trois années de tournage, Simeon Brand, le réalisateur, a accompagné ses parents Eugen et Anne-Claire – engagés comme volontaires-permanents depuis quarante ans – à la rencontre de personnes en marche avec le Mouvement ATD Quart Monde dans les différents continents. En arrivant à Bangui en RCA, Monsieur Parfait exprimait avec un immense sourire : « Ah Simeon – si tu viens à notre rencontre avec tes parents, c’est qu’ils t’ont parlé de nous ! »

République Centrafricaine

Au cœur de la survie quotidienne et des violences déchaînées par les conflits, des jeunes animés par le courage de leurs aînés se mobilisent dans leurs quartiers et villages au risque parfois de leur vie, afin de rassembler des enfants et leurs parents autour d’un partage du savoir, véritable outil de « désarmement ».

Eugen Brand : Les gens du pays ont été humiliés par l’image très négative que les médias internationaux ont donnée de la RCA. Travailler ensemble à ce court-métrage a été pour les membres du Mouvement une occasion de mettre en lumière le courage et la créativité d’enfants et de jeunes, de parents et d’autres adultes, qui malgré la peur résistent ensemble aux violences et déchirements qui secouent leur pays. Les jeunes ont été particulièrement inventifs pour rendre le tournage possible. Ils trouvaient comment transporter la caméra à travers des barrages de milices jusque dans le village de Monsieur Parfait. C’est là qu’il a dit : « Quand je suis en conflit avec mon voisin et qu’on voit nos enfants réunis ensemble sur la « Natte » autour des livres ! Alors, lui et moi, on ne peut que déposer nos armes. J’appelle cela le désarmement.»

Un jour l’équipe de tournage a fini dans un poste de police, faute d’avoir sur elle la lettre d’autorisation pour filmer du Ministère de la Communication. Le chef de police m’a demandé : « Dites-moi, pourquoi vous êtes là en train de filmer ? » La situation était très tendue. Penché légèrement en avant, son regard me fixait. Jamais dans ma vie j’ai autant essayé de raconter l’histoire du Mouvement, à travers le Père Joseph et les gens qui l’ont bâti en Centrafrique, en Suisse et ailleurs dans le monde. A la fin il a dit : «Normalement, je devrais vous arrêter, mais l’histoire que vous racontez est pleine de sagesse et mon pays a besoin de ce Mouvement – je vous donne la route ! »

A l’issue du tournage, une première proposition de montage a été soumise aux membres du Mouvement à Bangui qui l’ont modifiée en exprimant comment eux, ils souhaitaient se présenter à la communauté internationale.

Haïti

Depuis le tremblement de terre de 2010, l’école « Graines d’espoir » à Port-au-Prince est le fruit d’un formidable engagement d’enseignantes haïtiennes qui, dans leur rencontre avec les familles du bidonville de Grand Ravine, retrouvent le sens de leur métier : Bâtir une école qui réussit avec tous les enfants

Quelques réactions à l’issue de cette projection :

« Je trouve très fort comment les jeunes parlent à d’autres jeunes. Comment ils expliquent au jeune réalisateur la racine et le sens de leur recherche d’engagement dans les quartiers, avec les enfants et leurs familles. J’espère que cela peut aussi interpeller des jeunes ici en Suisse. »

« Les enfants, dans ces vidéos, vivent dans une grande pauvreté, mais ils ont le sourire, une grande joie et la paix sur leur visage ! Nous devons nous battre pour que les enfants aillent de l’avant, en Haïti, en Suisse et partout dans le monde. »

Agnès Dumas, Haïtienne : « Je suis actuellement volontaire en Suisse. Parfois des gens s’en étonnent et me demandent pourquoi je ne suis pas avec les familles en Haïti ? Je leur réponds qu’aujourd’hui ma responsabilité est aux côtés des familles qui vivent dans la pauvreté en Suisse. Elle est de dire aussi aux jeunes de ce pays que les plus pauvres en Suisse et en Haïti ont besoin d’eux et de leur engagement pour leur donner la force de se battre contre la misère. C’est fort dans le film comment une maman dit : « On ne veut pas seulement que cela change en Haïti, on veut que cela change dans le monde entier et pour tous ceux qui souffrent. On veut la paix pour tout le monde ».