ATD Quart Monde m’a changée
Cinq mois avec ATD Quart Monde à Rorschach. Pour y rencontrer des familles confrontées à la grande pauvreté. Pour comprendre le travail que le Mouvement y réalise. Pour être touchée et grandir.
Un témoignage de Margot Buthey, stagiaire auprès d’ATD Quart Monde à Rorschach
Février
En février 2021, je commence mon stage de cinq mois au Mouvement ATD Quart Monde dans le canton de Saint-Gall, à Rorschach. Je ne sais pas encore dans quoi je me suis embarquée! J’ai beau parcourir le site web d’ATD, je ne parviens pas à vraiment saisir ce que le Mouvement fait, ce qu’il fait concrètement. Aujourd’hui, cinq mois plus tard, je pense que pour comprendre le Mouvement, il faut le vivre, allez à la rencontre des gens, écouter leurs histoires et partager la sienne.
J’arrive à Rorschach sans trop savoir ce que je vais y faire. Le premier mois, tout est fermé à cause de la crise sanitaire. J’ai le temps de m’intégrer à l’équipe, de l’accompagner dans ce qu’elle fait. Je reçois beaucoup d’informations mais c’est surtout en rencontrant certaines familles, chez elles, que les choses prennent forme. Tout est nouveau; je m’acclimate néanmoins assez rapidement à Rorschach.
Mars
En mars, nous rouvrons notre local. On y rencontre des familles qui y viennent pour participer au cours de couture, pour son jardin ou encore à l’occasion de la permanence du mercredi. Avec mes collèges Urs Kehl et Agnès Dumas, tous deux volontaires permanent·e·s, nous allons à la rencontre de certaines personnes pour écouter leur expérience de la pauvreté. Je suis stupéfaite de la confiance que les gens ont envers le Mouvement. Ils racontent leur réalité de vie compliquée et je suis touchée qu’il me la raconte à moi. Après les rencontres, je mets tous ces mots par écrit pour ne pas oublier.
C’est à ce moment-là que ma vision de la société commence à changer. Avant, j’idéalisais un peu la société suisse. Je savais qu’elle n’était pas parfaite mais je ne m’attendais pas à toute cette exclusion envers les plus démuni·e·s. Même si ma formation en travail social m’avait donné une certaine idée de la pauvreté en Suisse, quand quelqu’un te le raconte droit dans les yeux, c’est très différent – et cela a un grand impact.
Avril
En avril, nous continuons nos activités et viennent s’y ajouter des cours d’anglais pour les enfants. Ils sont donnés par une amie du Mouvement. Beaucoup d’enfants s’inscrivent, ce qui nous permet de rencontrer de nouvelles familles.
Mai
En mai, notre projet «méconnu-connu-reconnu» commence – il durera trois ans. Pour le mettre en route, nous organisons des activités artistiques qui se tiennent un mois durant dans les rues de Rorschach. Nous allons dans différents quartiers pour y peindre avec des familles que nous connaissons. Et c’est d’ailleurs l’occasion de rencontrer de nombreuses nouvelles personnes. Ce mois de mai est fort en émotions! Nous créons, échangeons et partageons avec la population de Rorschach.
J’ai de plus la chance de participer à une session de l’Université Populaire Quart Monde. Au début, je peine à en saisir le fonctionnement. Mais en y participant et en animant certaines rencontres, je me rends qu’il y a là une véritable richesse pour la société. Je trouve très intéressantes toutes les discussions qui s’y déroulent, autant lors des séances préparatoires que lors de la session nationale. Pour moi, c’est passionnant d’être confrontée aux différentes visions que les gens ont de la pauvreté.
Juin
Je termine mon stage fin juin. Je consacre ce mois à reprendre tout ce que j’ai vécu depuis février; à comprendre tout ce qui s’est passé; et à saisir ma propre évolution. Je peux le dire maintenant: ATD Quart Monde m’a changée, m’a fait grandir. Le Mouvement et toutes ces rencontres m’ont permis de découvrir la vulnérabilité des trop nombreuses personnes exposées à la grande pauvreté en Suisse. Et de comprendre qu’il est essentiel qu’elles puissent faire valoir leurs droits.
Lien vers des photos liées au projet «méconnu-connu-reconnu»